REFLEXION
Mon but est d’ériger mes brouillons en œuvre dans le sens où ils sont l'essence même de la structuration de ma pensée est donc du concept qui fait naître une œuvre conceptuelle. Sans les brouillons, pas de structuration de la pensée, par de réflexion et donc pas d'interprétations de mes ressentis ou de mes observations des failles d’un quotidien qui échappent souvent aux regards, subissant alors le même sort que les brouillons comme objet souvent oubliés. Pourtant, sans brouillons pas d'art (d’autant plus conceptuel où le concept prime sur sa réalisation plastique) et donc pas d'expression de notre humanité, finalité même d’une volonté poétique qui n'existerait également pas non plus, amputé de son étape de réflexion.
Ici je documente l'acte de penser et de créer (l’étape deux de la volonté poétique), et j'illustre comment cet acte peut transformer du banal en force d’expression de notre humanité dans un processus de sublimation poétique. J'inscris mon œuvre dans le champ de l’art conceptuel en mettant en avant les traces de réflexions en affirmant que l’art est avant tout un véhicule d’idées pouvant ébranler notre propre perception du monde et notre quotidien.
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Dans l'art conceptuel, le processus de création est souvent aussi important, voire plus important, que le produit final. Les brouillons, en tant qu'étape de la structuration de la pensée, capturent ce processus de manière authentique et intime. Ils témoignent de l'évolution d'une idée, de la réflexion, et des choix faits par l'artiste. En les présentant comme une œuvre, je désire mettre en avant cette dimension cruciale de la création.
Les brouillons, même si nous n’avons pas l’habitude de les contempler, peuvent révéler des aspects du concept que l'œuvre finie ne montre pas forcément, comme les hésitations, les changements d'idées, et les chemins non empruntés. Ils permettent au spectateur de voir "derrière le rideau" et de comprendre le concept de manière plus profonde. C’est également cette même démarche que j’appelle dans ma philosophie de la poésie en invitant à nous émerveiller du quotidien, c'est-à-dire s'intéresser à la part d’étrangeté de celui-ci, à ses failles afin de l’observer et de le comprendre plus en profondeur, pour ainsi pourquoi pas l'interpréter à travers différents œuvres de l’esprit et créer entre temps, d’autres brouillons certes, mais également un processus de sublimation poétique. Le brouillon devient alors une allégorie d’un quotidien que nous n’avons pas l'habitude d’observer mais que nous pouvons pourtant transformer en quelque chose qui nous dépasse, en une véritable force d’expression quand nous faisons de l’art ou que nous l’érigeons en œuvre d’art.
Enfin, ces brouillons sont une expression brute et non filtrée de ma pensée et de mon humanité. En les considérant comme des œuvres d'art, je souligne que l'art est une expression de notre humanité à tous les stades du processus créatif, pas seulement dans le produit fini. Cela invite à une réflexion sur l'authenticité, la vulnérabilité, et la nature même de l'expression artistique et interroge la définition de l'art, en tant que fruit de notre volonté poétique qui est alors un moyen d’expression de notre humanité qui peut remettre en cause notre vision du monde, de notre vie et notre quotidien qui alors n’existe plus en tant que tel. L'art n'est pas seulement le produit final, mais aussi tout ce qui conduit à sa création et à l’expression de son idée.